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(À propos de « miss vierge » et d’autres événements de contrôle et célébration de la virginité)

Pendant plusieurs jours cette semaine, une sorte de polémique a explosé en Côte d’Ivoire et a envahi la toile. Le sujet qui a défrayé la chronique est lié à un concours de beauté intitulé « miss vierge » qu’un diocèse aurait organisé. Plusieurs avis ont été exprimés et étaient suivis de vifs échanges. En suivant les conversations, j’ai eu envie de partager mon expérience d’ex participante à un de ces concours et donner mon avis sur le sujet. 

Les initiatives comme « miss vierge » et d’autres événements de contrôle et célébration de la virginité étaient fréquemment organisés au Bénin. Actuellement, on a l’impression que ces types d’événements sont rares. Il y a quelques années, j’ai été une participante d’un creuset de valorisation de la virginité et aspirante aux trophées miss vierge. Lorsque j’ai eu mes premières règles à 14 ans, mes parents avec l’explication d’une voisine ont estimé que c’était trop tôt d’avoir des règles à 14 ans. Pour eux, la seule raison qui justifierait l’arrivée de mes règles à cet âge était un rapport sexuel. Pourtant je n’avais eu aucun rapport sexuel à l’époque. Ils ne m’ont pas cru. Ils m’ont insulté, menacé, privé d’attention et ont failli me soumettre à un test de virginité. 

Cette expérience a été traumatisante pour moi. Plus tard, je me suis retrouvée dans le creuset de valorisation de la virginité et j’ai été une aspirante aux trophées miss vierge de ce creuset car je voulais ramener le trophée et prouver à ma famille que j’étais effectivement vierge. Je voulais restaurer ma valeur et ma dignité auprès d’eux. Parce que ma mère me traitait comme si j’étais une princesse déchue. Cependant, je n’ai pas été au bout. J’ai surmonté ce vécu traumatisant et je n’ai pas réalisé mon objectif en entrant dans ce creuset qui était de prendre le trophée miss vierge. Les organisateurs de miss vierge en Côte d’Ivoire aurait énuméré plusieurs raisons pour lesquelles ce concours a été organisé. Entre autres, « la protection des mineurs, la valorisation de la virginité, la lutte contre les grossesses précoces y compris en milieu scolaire ». De mon expérience, voici ce que j’ai appris de ces types d’évènements.

Ce que j’ai appris des initiatives comme « miss vierge »

En tant qu’ancienne participante d’un creuset où plusieurs valeurs sont promues dont la virginité (y compris une cérémonie de célébration des filles vierges), je peux vous dire que toutes ces initiatives ne partent pas de mauvaises intentions et sont alignées sur certaines croyances et espérances de nos sociétés. Dans le creuset où j’étais, les enseignements et les conversations prônés tout en en mettant la virginité au centre avaient plusieurs objectifs : encourager les filles à rester « pures », à ne pas avoir des rapports sexuels pendant qu’elles étudient encore car de tels actes pourraient déboucher sur des grossesses précoces ; motiver les filles à rester vierge jusqu’au mariage car cela revêt une certaine dignité, fierté et mériterait une plus grande valorisation ; aider les filles à acquérir des compétences de vies dont l’art oratoire, le leadership ; soutenir les filles à évoluer dans les études en mettant le sexe de côté. Certains enseignements tirés de la bible étaient également prônés dans ce creuset. On parlait de vertu, de la sacralité du corps de la femme. En plus de ces enseignements, il y avait tout un processus de préparation pour la cérémonie “trophée fille vierge” qui comprenait les contrôles de virginité à l’hôpital. Certaines filles comme moi venait d’elles-mêmes. Dans d’autres cas, les parents les amenaient.

Les choix que certaines femmes peuvent librement faire en matière de sexualité sont valables en tant que leurs choix. Nous n’abordons pas la sexualité de la même manière et qu’elles décident d’avoir de rapports sexuels avant le mariage, de pratiquer l’abstinence secondaire, de ne pas avoir de rapports sexuels jusqu’au mariage ou de ne pas avoir d’activité sexuelle du tout, ce sont des choix qu’elles peuvent faire et nous n’avons pas à mettre nos bouches dans leurs corps. Cependant, l’histoire de « miss vierge » et d’autres événements de contrôle et célébration de la virginité spécifiquement pour les filles n’est délibérément pas l’histoire des femmes qui librement font des choix en matière de sexualité.

Les initiatives « miss vierge » et culture de la pureté

Derrière de tout ce qui est présenté en tant que raison d’être des initiatives comme « miss vierge » et d’autres événements de contrôle et célébration de la virginité, nous avons des croyances religieuses, la sexualisation des filles et des femmes, l’absence d’éducation complète à la sexualité. Dans nos sociétés prenant l’exemple du Bénin particulièrement, les filles sont encore éduquées à croire et penser que leur sexe est ce qu’elles ont de plus précieux à donner et à valoriser dans cette vie. Elles n’ont généralement pas développé cette croyance de leur propre cheffe mais ces croyances existent dans nos communautés et nous sont inculquées. Ma mère m’a expliqué que rester vierge jusqu’au mariage est synonyme de dignité. Elle a précisé que la famille me féliciterait de même qu’elle pour m’avoir si bien éduqué. Par conséquent, mon futur mari trouvera une femme d’honneur, digne que personne n’a touché avant lui et qu’il paiera une somme de plus pour la dot.

Avant même de grandir, d’apprendre, de déterminer ce qui est important pour elles ou pas, de construire progressivement leur identité, les filles sont conditionnées et contraintes de croire et penser que leur appareil génital est leur plus grande ressource. Certaines construisent toute leur plus-value autour. D’ailleurs elles sont célébrées lorsqu’elles en prennent soin (en prendre soin ici signifie : ne pas avoir de rapport de sexuel). Promouvoir des initiatives comme « miss vierge » et d’autres événements de contrôle et célébration de la virginité, c’est valider le sexisme, la sexualisation et la chosification des filles. C’est aussi valider le viol des filles, les priver d’éducation complète à la sexualité et normaliser qu’elles grandissent en se réduisant à un appareil génital. Parce que pour délivrer les trophées “miss vierge”, les filles sont conduites à l’hôpital ou je ne sais où et subissent des attouchements et pénétrations qu’elles n’ont pas demandé de leur libre arbitre. Être fille ou femme ce n’est un appareil génital à préserver pour le bonheur de la société.

L’église justifie cela en trouvant des paroles de la bible où les vierges seraient saintes, pures et mériteraient plus de bénédictions et de dignité. La société justifie cela en s’appuyant sur la culture sexiste déjà opérationnelle pour mieux sexualiser les filles, perpétuer un contexte qui rejette l’éducation complète à la sexualité, soumettre certaines filles à un contrôle forcé de virginité et priver les filles d’un apprentissages concernant leurs propres corps et sexualités. J’ai failli être victime d’un contrôle forcé de virginité. J’ai voulu rapporter une preuve de virginité à mon père et je me suis retrouvée dans un tel creuset (que je ne dépeins pas ici tout en noir). Si nous acceptons que la virginité devienne une sorte d’unité de mesure de la valeur des filles, nous encourageons les familles aujourd’hui à violer les filles, les forcer à subir des attouchements, des pénétrations qu’elles ne souhaitent pas et nous dévalorisons plusieurs autres filles qui naïvement auront le sentiment de n’avoir plus de valeur si elles ont été déjà sexuellement actives. C’est dangereux ! 

La culture de la pureté prônée par l’église et dont on se sert pour justifier « miss vierge » et d’autres événements de contrôle et célébration de la virginité est basée sur un discours de culpabilité, de contrôle, non pas un discours libre qui encourage l’apprentissage et le discernement. Cette culture est utilisée pour contrôler les femmes, les rendre ignorantes d’elles-mêmes. C’est une culture qui ne protège ni contre le viol, contre les violences sexuelles. C’est une culture sexiste qui utilise le sexe pour faire honte aux femmes défendant une conception limitée de la dignité. Nous ne voulons pas d’un monde où les femmes sont jugées, sexualisées, diminuées pour avoir ou pas eu de rapports sexuels. 

Les initiatives « miss vierge » et l’éducation complète à la sexualité

« Miss vierge » et d’autres événements de contrôle et célébration de la virginité ne favorisent pas l’éducation complète à la sexualité. La sexualité est un aspect central de la nature humaine. Le sexe est l’une des composantes de la sexualité. Je le mentionne car dans les initiatives comme “Miss vierge”, l’emphase est placée sur « le sexe » et pas sur la sexualité qui est une notion plus très large. Les grossesses précoces en milieu scolaire prévalent majoritairement à cause du manque d’éducation complète à la sexualité. Surtout celle basée sur une approche ouverte et positive qui n’implique pas d’aligner uniquement les choses à ne pas faire ou contraindre à faire un choix. C’est un processus d’apprentissage dans nos familles, à l’école et dans les communautés pour comprendre ce qu’est la sexualité, les changements, les comportements, les risques. C’est un dialogue permanent. Autant pour les filles et les garçons. Les initiatives comme « miss vierge » et d’autres événements de contrôle et célébration de la virginité ne permettent pas une éducation à la sexualité adaptée à l’âge et au développement psycho-social des ados et jeunes. Aucune information scientifiquement vérifiée n’est véritablement donnée. Les filles sont surtout invitées voire contraintes de « garder la virginité jusqu’au mariage ».

Je ne refuse pas la promotion de l’abstinence comme pratique pour éviter des comportements sexuels à risques. Je ne fais pas non plus la promotion des rapports sexuels précoces. Je propose pour tous les enfants, l’accès à une éducation sexuelle formelle et informelle qui comporte déjà des informations sur l’abstinence et les comportements sexuels à risques. Pourquoi ces initiatives n’organisent pas des séances d’éducation sexuelle ? Ce n’est pas particulièrement leur objectif. Ces initiatives veulent amener des filles à l’hôpital, les soumettre à un test pour valider la culture de la pureté et le sexisme de nos sociétés.

Virginité : concept social, culturel et religieux

La virginité est une conception qui ne repose sur aucune base biologique véritable. On définit cela comme le fait pour une personne de n’avoir jamais eu de relations sexuelles. Et ce sont les femmes en général qui sont celles concernées par le respect de ce concept. Il s’agit d’un concept social, culturel et religieux qui tire ses sources dans la culture de pureté et d’honneur mais également du sexisme prônant l’abstinence avant le mariage pour les femmes. Tout.e.s les sexologues et médecins avec lesquels j’ai parlé à ce jour m’ont clarifié que scientifiquement, il ne serait pas possible de démontrer de façon palpable une quelconque virginité puisque l’hymen qui fait objet d’examen lors des contrôles de virginité a plusieurs formes. Celles qui sont déclarées “non vierges” après ces contrôles sont traitées comment ? Sachant que le test peut révéler un résultat qui ne soit pas la réalité de ces filles ? Pourtant nous continuons à regarder des institutions pousser des filles à subir des attouchements et pénétrations pour vérifier la virginité.

« Miss vierge » et d’autres événements de contrôle et célébration de la virginité est fondé sur une culture sexiste qui fait honte aux filles et aux femmes. Nous travaillerons à les déconstruire. Je suis convaincue que le travail à faire est la promotion d’une éducation complète à la sexualité adaptée à l’âge et au développement psychosocial de tous les enfants. Des ados et jeunes éduqués sur la sexualité avec des informations claires sur les risques d’une sexualité précoce et des comportements sexuels à risques, choisiraient plus de disposer des informations nécessaires pour faire des choix éclairés avant de passer à l’acte. Mais ce n’est pas ce qui intéresse véritablement. Puisque c’est le contrôle et l’endoctrinement qui sont subtilement au cœur des initiatives comme « Miss vierge » et d’autres événements de contrôle et célébration de la virginité.

Chanceline Mevowanou

Entre Novembre 2021 et Avril 2022, Jeunes Filles Actrices de Développement (JFAD) a initié et exécuté le projet Girls, Sisters, Queens. L’objectif de ce projet était de contribuer à l’élimination des violences basées sur le genre à travers des actions collectives (plaidoyers, sensibilisations et manifestations féministes) dirigées par de jeunes féministes béninoises.

Trois principales activités entièrement cocréées par de jeunes féministes béninoises ont été menées dans le cadre de ce projet : 

  • retraite d’une semaine pour les jeunes militantes féministes et jeunes femmes béninoises : cette activité a rassemblé une trentaine de jeunes militantes féministes et jeunes femmes béninoises autour des sujets tels que l’élimination des violences basées sur le genre, la sauvegarde et la protection des survivantes, la sororité, les soins personnels et collectifs, la collaboration entre les militantes féministes. Cette retraite a donné naissance à un plan d’action collectif et une ferme volonté de renforcer les espaces et conversations entre les militantes féministes au Bénin ; 
  • sensibilisation avec des jeunes filles et femmes et un plaidoyer au commissariat dans la commune de Dogbo pour la protection des survivantes de violences basées sur le genre ; 
  • lancement d’un blog pour les militantes féministes et jeunes femmes béninoises.

À la fin de ces différentes activités, il était clair pour toutes les féministes et jeunes femmes ayant participé qu’il fallait continuer à renforcer les espaces entre militantes féministes et jeunes femmes béninoises. Les jeunes féministes sont en première ligne de la lutte pour la libération des femmes. Elles s’organisent, défient le statu quo, brisent le silence, libèrent leurs pensées, adressent les causes profondes des oppressions, responsabilisent les parties prenantes. Renforcer leur mouvement c’est amplifier le changement. Nous avons ainsi décidé de poursuivre les travaux commencés dans le cadre de cette initiative. Le projet Girls, Sisters, Queens est ainsi devenu Girls, Sisters, Queens : communauté de militantes féministes et jeunes femmes béninoises. 

Girls, Sisters, Queens en français « Filles, Sœurs, Reines » est aujourd’hui une communauté de militantes féministes et jeunes femmes béninoises. Nous constituons un espace libre et sûr où les jeunes féministes et les jeunes femmes béninoises apprennent, renforcent leur mouvement et s’épanouissent. Nous recherchons actuellement de jeunes féministes béninoises bénévoles pour diriger la communauté Girls, Sisters, Queens et coordonner les activités. Nous recherchons au total 06 jeunes féministes béninoises pour former le comité de coordination de la communauté Girls, Sisters, Queens.  

Rôles de ces jeunes féministes qui vont former le comité de coordination:

  • effectuer une consultation élargie des jeunes féministes béninoises pour faire connaître leurs besoins et priorités ; 
  • rendre opérationnelle la vision de la communauté en concevant des activités alignées ;
  • concevoir une stratégie de contenus pour la communauté et la déployer ; 
  • conduire le processus de co-création de la stratégie de renforcement du mouvement des jeunes féministes du Bénin ; 
  • mobiliser des ressources pour diverses activités de la communauté ; 

Les candidates doivent : 

  • être militantes féministes béninoises ou jeunes femmes défenseures/engagées pour les droits des femmes ; 
  • avoir une connaissance de l’écosystème du mouvement féministe au Bénin ;
  • avoir une bonne maîtrise du français parlé et écrit ; 
  • pouvoir travailler en ligne, en équipe et partager ses idées ;  
  • avoir moins de 30 ans ; 

Être membre d’une organisation ou groupe de jeunes féministes basé.e au Bénin serait un atout.

Postulez ici!

La date de clôture est le 15 Août 2022  

Récemment, j’ai eu la chance d’entretenir des jeunes féministes sur le burn-out. C’était improbable pour moi et j’avoue m’être demandée avant de mettre pied dans la salle, ce que je pourrais bien leur raconter. “Google est ton meilleur ami pour tout apprendre de nos jours” disent-ils. Dans mon cas, je n’avais pas besoin de me rendre sur Google pour savoir ce qu’est le burn-out militant, ce qu’est l’épuisement. Ces choses je les connaissais très bien car je les ai vécues. Je ne suis d’ailleurs pas sûre de m’en être complètement remise.

C’en était devenu presque comme un poids m’empêchant d’être moi, d’être heureuse dans ce que je fais, dans l’expression de mon plein potentiel. Alors j’ai commencé à me poser des questions, à creuser loin. 

Évoluant le plus dans des cercles féministes, j’ai eu à demander à beaucoup de mes sœurs si elles avaient la même chose que moi. Si elles étaient épuisées, lasses de tout. Mais surtout, je me suis demandée ce qui pourrait en être la cause. Nous sommes trop jeunes pour crouler sous l’épuisement. La vérité est que toutes autant que nous sommes, nous nous investissons corps et âme dans ce combat. Au quotidien nous y mettons beaucoup de nous sans chercher à nous protéger. 

Hormis tout le travail que nous abattons chacune de nos côtés, il y a ce à quoi le combat nous expose. Les attaques du dehors, les remises en question permanentes, les moments de doutes, la charge mentale et tout le tralala. Que tu choisisses d’être une féministe engagée dans une organisation ou une féministe libérale, peu importe la façon dont tu vis ton féminisme, il y a la charge mentale qui l’accompagne.

Par expérience je peux vous raconter ces soirées à pleurer sur mon matelas parce que je pensais être seule contre le monde, totalement incomprise. Je peux vous parler des frissons et des moments de baisse émotionnelle quand tu apprends un nouveau cas de viol, quand tu apprends que telle a été tuée par son compagnon et que tu te regardes et te dis : mais à quoi je sers si je ne peux rien pour elles ? 

Je peux vous parler de ces moments où tu as envie de tout abandonner, de t’en aller loin mais que tu te rappelles que tu es liée à vie. Je peux aussi vous entretenir sur ces moments où tu as juste envie de parler à quelqu’un, de te vider, de te sentir moins seule et comprise. Je peux vous parler de ces moments après que tu aies lu une insulte sur ta personne, tes parents alors que tu ne faisais que défendre tes droits, alors que tu ne demandais que le respect en tant qu’humaine.

Il y a beaucoup de choses dont je pourrais vous parler mais ce n’est pas comme si vous ne le saviez pas ou que vous ne les viviez pas au quotidien. Je sais que plus d’une fois vous aviez eu envie de pleurer ou que vous l’avez fait à cause de ce combat que l’on mène. Je sais que le plus souvent vous vous sentez impuissantes et fatiguées. Seulement, on ne parle presque jamais de cela dans nos assemblées. 

Le patriarcat, il est fort. Il nous fait enrager, il nous met en colère, il nous fait suer, nous battre pour survivre. Il nous arrache tout. On se bat contre lui corps et âme au point où l’on s’oublie. Chaque fois que j’y pense, je deviens mélancolique. J’ai parfois besoin de compter, de cesser d’être une superwoman, d’être celle qui sait crier…J’ai besoin d’aller bien. C’est seulement en bonne santé, en bon état mental, en harmonie interne que je pourrai être utile à la cause. Mais ça je l’oublie souvent et cela vaut pour vous aussi.

Après mes longues réflexions et mes discussions avec des amies j’ai décidé d’écrire cet article pour vous proposer quelques soins personnels. Des soins pour vous, pour entretenir votre corps et votre âme. Des soins pour aller bien et trouver l’équilibre. Ce sont des soins que je tente moi-même de pratiquer. Je fais des efforts entre les injonctions à la lutte et mes besoins d’aller bien pour cette même lutte. On y va : 

S’il ne vous est jamais arrivé de prendre du temps pour vous chaque matin afin de vous rappeler la personne que vous êtes, combien vous êtes formidable et combien votre travail compte alors c’est le moment de commencer à le faire. Ça vous fait gagner en confiance, vous rend moins irritable et donc d’attaque pour survivre aux agressions externes. 

Offrez-vous de temps à autre des moments de détente loin de votre environnement de travail et des personnes que vous côtoyez au quotidien. Allez rendre visite à des gens que vous aviez vu il y a longtemps, isolez-vous loin, prenez du temps loin du stress. Offrez-vous le plus souvent des moments de relaxation. Une balade à la plage, un moment de spa ou si vous êtes aussi financièrement fauchée que moi, organisez vos moments de soins de corps entre copines avec des produits faits maison pas coûteux.

Essayez-vous à d’autres choses, d’autres activités comme le bricolage, le dessin, la musique, les activités manuelles… Faites de nouvelles choses qui vous aident à libérer votre esprit et votre créativité, des choses différentes de la réalité cruelle que nous réserve cette société d’oppressions.  

La lecture n’est pas uniquement pour acquérir la connaissance, elle peut être apaisante. Offrez-vous les livres de vos choix et isolez-vous pour les lire dans le calme et vous emportez dans le récit. Que vous aimiez écrire ou pas je vous propose de vous acheter un carnet où vous écrirez vos émotions selon le besoin. Ça vous aide à réduire le stress quotidien et à vous connaître. 

Peut-on vraiment se détourner d’internet de nos jours ? Mais vous n’ignorez pas tout le danger que cela représente pour nous d’être tout le temps connectés. Primo, je vous conseillerai de faire le tri des personnes que vous suivez et de mettre à la poubelle tous les contenus que vous jugez toxique pour vous. Assainir son environnement est le premier pas vers l’épanouissement. De temps à autre, éteignez téléphone, laptop ou tout autre appareil vous reliant au monde et retrouvez-vous avec vous-même. Créez des limites entre votre vie professionnelle et votre vie privée.

Je dois vous avouer un secret, je n’aime pas du tout le sport même si on ne cesse de me répéter que j’ai une forme athlétique. Mais, c’est un atout premium en matière de bien-être. Créez-vous une routine de sport et vous me remercierez plus tard. Si vous êtes fan de yoga, achetez-vous un tapis et faites un tour sur Youtube. Ou si vous pouvez vous le permettre, abonnez-vous à des cours de Yoga dans les institutions spécialisées. Apprenez à méditer dans le silence ou avec un air mélodieux… C’est apaisant.

Sachez vous reposer quand vous êtes fatiguées. Cessez d’être des warriors disponibles pour tout. Mangez sainement et hydratez-vous comme il se doit. Votre alimentation compte beaucoup pour votre bien-être physique et émotionnel. Créez-vous des cercles d’amies, des espaces où vous pourriez vous sentir libre de parler, de demander de l’aide, du soutien en cas de baisse émotionnelle. Des cercles basés sur l’amour et la bienveillance. Accordez-vous le droit d’être humaine, imparfaite et donnez-vous beaucoup d’amour. Ma liste n’est pas fameuse ni exhaustive mais j’espère que vous trouverez parmi les méthodes citées, celles qui vous iraient. 

Je ne peux finir sans vous dire combien il est primordial pour nous en tant que militantes féministes de nous centrer sur les soins personnels et collectifs pour préserver notre bien-être mais également être plus efficientes dans le travail que nous menons. La route est longue. Je nous souhaite beaucoup de courage et de bonheur. Si vous avez des soins propres à vous, à partager avec nous n’hésitez pas à nous écrire.

Par Carine DANHOUAN

Ayòmidé, 

Comment te portes-tu ? J’espère que tu vas bien. De mon côté, ça ne va pas. C’est d’ailleurs pour cela que je t’écris. Je ne vais pas bien. Tu me manques. Nos discussions également. J’ai discuté avec d’autres sœurs durant la semaine. Beaucoup d’entre elles ne vont pas bien non plus. Toi ça va ? Tu t’en sors ? Désolée si je demande autant de fois. Nous n’avons pas dernièrement eu de tes nouvelles. 

L’inquiétude est le sentiment que nous tentons de surmonter en ce moment. Les filles m’ont dit d’utiliser le mot « inquiétude ». Si non, « panique » ou « terreur » sont les mots qui dans mon esprit décrivent bien la situation. Comme toi, nous avons appris ce qui se profile aux USA pour les femmes. La Cour suprême serait « prête à envisager l’annulation du droit à l’avortement ».

Ayòmidé, je sais que tu es contre l’avortement en tant qu’acte ; que tu ne songerais jamais à y recourir comme tu dis. Tu as tes raisons que je respecte beaucoup. Cependant, tu sais que c’est un droit dont toutes les femmes devraient jouir. Pouvoir choisir, décider, avoir des options. Tu es d’accord pour dire que les femmes doivent décider pour elles-mêmes, et ce sur tous les plans de leurs vies. Tu le dis toi-même, s’attaquer à l’autonomie corporelle des femmes, à leurs droits sexuels et reproductifs, invalider leur capacité à décider de garder ou pas un bébé représentent une oppression, une déshumanisation qu’aucun humain ne devrait subir. Nous nous rejoignons dans ces croyances et convictions. 

Ce qui se passe aux USA devrait nous inquiéter encore plus. Parce que cela nous montre que tous les moments seraient propices pour remettre en question les droits des femmes. Tous les jours sont des jours qui menacent nos droits gagnés avec tant de combats, tant de luttes. Nous sommes inquiètes. Lors de ma discussion avec les autres, Yābò a répondu toute effarée : « ça ne finira donc jamais ? Nous luttons beaucoup pour vivre. Nous sommes presque condamnées à survivre. Nous le faisons de toutes nos forces. Pourtant des rétropédalages se présagent. C’est épuisant pour l’être humain que je suis. »

Elle a raison. Vous dites souvent que je suis celle qui trouve les mots pour nous motiver. Face à Yābò, je n’ai pas trouvé spontanément les mots. Je suis autant terrifiée. Tu sais, j’avais commencé à écrire des lettres à ma future fille ou à mon futur garçon. Dans ces lettres, je raconte à mon enfant l’héritage que nous avons laissé. J’ai parlé de nos avancées, ces nouvelles lois, ces mentalités changées, l’épanouissement que nous avons contribué à construire pour les femmes et les hommes, ensemble. J’étais très confiante. L’avenir me rassurait. Maintenant je pense que je devrais faire disparaitre toutes ces lettres. Parce que l’histoire pourrait être qu’en notre temps, plusieurs droits humains pour les femmes ont été supprimés, remis en question. 

J’ai essayé de m’expliquer ce que signifie la situation aux USA pour les autres pays. Je suis au Bénin. L’avortement vient d’être reconnu. La nouvelle loi dit qu’« à la demande de la femme enceinte, l’interruption volontaire de grossesse peut être autorisée lorsque la grossesse est susceptible d’aggraver ou d’occasionner une situation de détresse matérielle, éducationnelle, professionnelle ou morale incompatible avec l’intérêt de la femme et/ou de l’enfant à naître… ». Cette loi est passée dans un contexte difficile.

Ayò, lorsque nous parlons du droit à l’avortement sûr et sécurisé pour les femmes, beaucoup de personnes se concentrent sur « l’avortement comme acte ». Mais tu sais que ce que nous défendons, c’est « la capacité des femmes à décider pour elles-mêmes ». Ce que nous défendons c’est le fait que les femmes puissent être considérées, vues et traitées comme de personnes humaines capables de prendre leurs propres décisions dans tous les domaines de la vie comme sur le plan de la sexualité et de la reproduction.

Ayò, si aux USA, les pouvoirs parviennent à décréter que fondamentalement les femmes ne seraient pas capables de réfléchir et décider pour elles-mêmes concernant leur sexualité et leur reproduction, tu imagines le message que cela enverra au reste du monde ? Nous serons affectées. Toi et moi faisons aujourd’hui partie de ces femmes privilégiées. Nous avons une condition financière stable, une conscience accrue des oppressions infligées aux femmes, un accès à ces espaces dits “décisifs”. Nous pouvons résister sans compromettre notre humanité, sans périr. Les autres, ont-elles autant d’options que nous ?

Pendant ces moments de troubles, je pense à celles d’entre nous qui sont presque “sans options”. Ce sont elles qui subissent plus de dommages internes et externes. Lorsque nos droits sont attaqués, ce sont elles qui laissent leurs vies. Tu le sais. Je pense à toutes ces femmes et ces filles mortes pour des avortements clandestins. Ayòmidé, notre mouvement est à l’épreuve. Le mouvement des femmes est à l’épreuve. C’est le moment pour nous de résister, plus fortement que jamais. Toute notre solidarité envers les femmes aux USA. Nous résisterons avec elles, manifesterons ici. Parce que cette vague risquent de nous emporter si elles les emportent. 

Nous allons continuer à défendre nos vies, nos épanouissements, nos présents, nos avenirs. Certaines d’entre nous ne supporterons pas. Nous prendrons soin d’elle inlassablement. C’est le moment de nous investir à construire un mouvement solide Ayò. Je veux laisser un monde moins stressant, moins oppressant pour les filles et garçons qui nous regardent. Je veux montrer que la révolution est possible. Pour ça je traverserai le désespoir pour trouver l’espoir. Je parlerai autant que possible. Je conduirai des actions encore plus intensément. Notre liberté, notre responsabilité.  

Ayò, prends soin de toi. Nous allons traverser cette incertitude. Comment vont les femmes du centre ? Félicitations pour ce que tu accomplis avec elles. Je sais que tu fais un travail indélébile. C’est notre mission comme tu dis. Hâte de pouvoir à nouveau voler vers toi. Je t’aime ma sœur. 

Toute notre solidarité envers les femmes aux USA. Nos corps, nos vies, nos droits.

Par Wangninan

Dans mon parcours de militante féministe et organisatrice de communautés, j’ai fait des erreurs. J’ai appris grâce à ces erreurs. Je continue d’en apprendre. Est-ce que j’aurais aimé savoir certaines choses au moment où je m’engageais intentionnellement en tant que militante féministe ? Oui! Néanmoins, mes expériences m’ont éduqué. Dans cet article, je vous livre un peu de mon expérience. J’aborde trois leçons apprises en tant que militante féministe et organisatrice de communautés. Je vous détaille par rapport à ces leçons, mes analyses, les nuances, les réparties qui pour moi peuvent nous aider à construire un militantisme féministe pertinent et durable. 

De la colère à l’espoir : le pourquoi et l’optimisme comme guides 

Littéralement parlant, j’ai commencé à militer parce que j’étais en colère. J’avais beaucoup de frustrations. J’ai eu mes premières prises de conscience féministe dans ma famille et dans mon village. Mon père était le “chef visible” de notre famille. Il avait une certaine autorité sur ma mère et sur nous, les enfants. Les prises de décisions qui affecteraient nos vies étaient presque totalement concentrées dans ses mains. Il faisait ce qu’il estimait bon pour le bien-être de notre famille. C’était également lui le principal pourvoyeur. Visiblement en tout cas. Ma mère apportait aussi sa contribution. Elle assumait de nombreuses responsabilités capitales pour la cohésion et le fonctionnement de la famille. Nonobstant, sa contribution était invisibilisée, dévalorisée et rendue insignifiante dans les récits. Fondamentalement, l’ordre social en vigueur a en apparence désigné et fait de mon père le chef, le supérieur. J’ai commencé à me dire qu’un nouveau modèle devrait exister. Modèle dans lequel ma mère aurait systématiquement plus de liberté, d’autonomie, de valorisation de ces points de vue et plus de reconnaissance de ses efforts.

Plus tard, ma mère m’a raconté comment son père a décidé sans recours d’envoyer que les garçons à l’école. Les filles étaient assignées à la maison, puis placées chez des proches. Elle m’a parlé de son rêve ; qu’elle aurait voulu étudier, connaitre plus à propos de ce monde, vaincre l’ignorance. Mais elle a été privée d’école. Parce qu’elle était une fille. C’est très injuste! Des injustices, des femmes en subissaient beaucoup autour de moi. Dans mon village par exemple, les scènes d’un mari qui frappe sa femme étaient fréquentes. Ces femmes se levaient le lendemain, portaient leurs bébés et continuaient à travailler dans les mêmes familles où elles étaient frappées. J’étais convaincue que les choses auraient pu, pouvaient et peuvent se passer autrement. Je regardais ma mère, les femmes de mon village et je me disais qu’elles devraient jouir de plus d’autonomie, plus de liberté et plus de dignité. J’ai pris la résolution de me battre pour que les filles en grandissant puissent avoir toutes les opportunités nécessaires pour devenir des personnes libres, émancipées, dignes avec un contrôle total sur leurs vies et la participation aux décisions qui les affecteraient. 

Les coupables que je voyais dans ces réalités étaient entre autres, la société, les maris violents qui frappent les femmes, les familles qui entretiennent le silence. Le fait de concevoir ces acteurs et actrices comme des coupables m’a amené par exemple à renier mon appartenance à une certaine ethnie. Je n’aimais pas qu’on m’associe à l’ethnie « Tòli ». Je suis de cette ethnie de par mon père.  J’ai vécu à Avrankou toute mon enfance. Les violences que j’ai vu les femmes subir dans mon village, violences infligées par des hommes m’ont négativement marqué. En réponse, j’ai renié mon appartenance à cette ethnie. J’ai renié inconsciemment la langue parlée, les valeurs prônées et toutes les attentes. Aujourd’hui, je ne crois pas qu’une ethnie ait le monopole de la violence et des oppressions sexistes infligées aux femmes au Bénin et ailleurs. Ma compréhension de l’ordre social en vigueur, des causes profondes et des bases culturelles du sexisme me permet aujourd’hui de savoir que la problématique n’est littéralement pas une question limitée à une ethnie.  

Pourquoi je raconte tout cela ? En quoi cela a impacté mon militantisme ? Vous le saurez assez vite ! Mon autre niveau de prise de conscience féministe a été ma socialisation et l’école. La socialisation est l’ensemble des processus et mécanismes par lesquels nous apprenons et intériorisons la culture, la manière dont on va se comporter, les valeurs, les normes et les rôles qui régissent le fonctionnement de la vie sociale. J’ai compris très tôt que le programme de socialisation n’était pas le même pour les filles et les garçons. J’ai su par exemple que mon éducation me préparait à correspondre à une certaine conception de “Être Femme”. Je n’ai pas participé à la construction de cette conception. Pourquoi devrais-je l’accepter ? Je me suis rebellée contre certains rôles traditionnels qu’on m’assignait à la maison. Je ne les faisais pas. Mon père et ma mère me disaient souvent « sache que tu es une fille, bientôt une femme. On fait cela pour ton bien ». 

À l’école, j’ai noté que ce programme de socialisation que je rejetais était opérationnel à travers presque tout le monde. Les garçons existaient d’une façon donnée et les filles sont éduquées à exister d’une certaine manière. Pourquoi c’était autant extraordinaire le fait qu’une fille soit la première de la classe ? Les professeurs avaient tendance à prendre mes notes, mes analyses et réponses en classe pour essayer de faire honte aux garçons. Ils insinuaient que fondamentalement, le garçon devrait être celui qui démontre une certaine intelligence et par conséquent devrait avoir les plus fortes notes. J’ai commencé à définitivement croire que les filles et les femmes, les hommes et les garçons n’étaient pas toujours responsables de leurs conditions car des normes, croyances et pratiques conditionnent leurs vies. Mes propres expériences ont corroboré cela. En me basant sur les confessions de mon père, je peux également dire que j’avais raison. 

J’ai beaucoup discuté avec mon père. En l’écoutant lors de nos conversations, j’ai compris qu’il ne se plaisait pas dans le rôle de « chef ». Il aimait beaucoup le volet : prendre soin de sa famille, subvenir aux besoins de sa femme et de ses enfants. Toutefois, la partie du programme qui stipule qu’il devrait abandonner ses émotions et être toujours fort, être chef au point de frapper sa femme, être un père impitoyable et fort, se voir fondamentalement supérieur à un point qu’il devra prendre des décisions, agir sans l’avis des autres membres de l’ensemble…cette partie du programme était pour lui une croix. Il a vaillamment porté cette croix. Mon père était le seul garçon de sa famille. Sa vie avant qu’il ne fonde une famille avec ma mère était déjà sous pression : il devrait se marier, avoir des enfants, indéniablement des garçons pour perpétuer le nom de la famille. Il a supporté cette pression, à sa manière. Ma mère a reçu son lot de traumatisme dans cette quête d’héritier. J’ai été aussi témoin de toutes ces discussions sur l’importance qu’a un enfant garçon, au détriment d’une fille.

Mon père m’a dit un jour : « je ne sais pas pourquoi les hommes, moi y compris, se comportent de façon violente et dégradante envers les femmes. Notre nature profonde est-elle faite de méchanceté ? Oui, je crois. Nous sommes méchants. Si un jour tu décides de ne pas te marier, je comprendrais. Ce qui compte pour moi est ton émancipation. Je serai en paix si je sais que tu peux diriger ta propre vie avec tes propres ressources. Parce que, les hommes ne seront pas gentils avec toi dehors. Nous sommes méchants envers les femmes. Et c’est injuste ». Dans ma dernière conversation avec lui avant sa mort, il n’a pas cessé de répéter en larmes « Diso, j’ai essayé. J’ai essayé. J’ai essayé ». J’ai répondu « oui papa, vous avez essayé. Et nous en sommes la preuve ». Il a essayé d’être un bon père, un mari, un bon chef de famille. Il a essayé de jongler entre ce qu’on attendait de lui et qu’il pensait être juste et bien. Il a essayé. (Diso, c’est le diminutif de mon 2e prénom Gwladys. On m’appelait ainsi à la maison).

Il était important de vous expliquer tout cela. Il me fallait vous donner un aperçu de différentes situations qui ont motivé mes prises de consciences dites féministes. Ce n’est vraiment qu’un aperçu ! Comment je pense que cela a impacté mon militantisme ? En traversant tout cela, progressivement, j’ai commencé à agir dans ma famille, dans mon village et mon école. Je m’exprimais sur comment je voyais choses, ce que je pensais comme étant de meilleures alternatives. J’ai contribué, initié et développé des actions. Mon travail de militante et d’organisatrice commençait ainsi. Dans mon discours, je prétextais que je voulais contribuer à changer la condition des filles et des femmes dans ma société. Mon vécu personnel était MON POINT DE DEPART. J’ai commencé à m’exprimer sur la base de ces expériences. 

Aujourd’hui, je crois que même si mes vécus ont été engendrés en grande partie par la réalité sociale en vigueur, ils n’étaient rien d’autre que mes expériences, mon point de départ. Si je prétexte que mon travail veut contribuer à changer la condition des filles et des femmes dans ma société, je dois évoluer de ce point de départ vers une vue et une perspective globale, collective. Mes expériences personnelles méritaient d’être portées. Elles sont légitimes. Elles contribuent à ma politique de militante. Ce qu’elles ne représentent pas à elles seules, c’est la compréhension solide de la condition des femmes dans la société béninoise, de comment les femmes béninoises du nord au sud, de l’est à l’ouest du Bénin sont affectées, collectivement et pourquoi. 

Dans mes prises de positions par le passé, j’ai noté qu’il y avait de la colère. Cette colère était importante. Dans cette phase de colère, j’ai beaucoup adressé comment la société diminuait et déshumanisait les femmes. Mon discours situait la responsabilité des hommes dans les oppressions infligées aux femmes et les désignait presque comme coupable. Si j’insistais sur le fait que nous avons toutes et tous été victimes d’un système, j’insistais aussi sur le fait que les hommes infligeaient tant de violences aux femmes. Mes expériences personnelles m’ont appris cela. La limite que je trouve à cette approche est ceci : en insistant sur l’aspect « les hommes sont privilégiés, infligent des atrocités aux femmes », je diminuais inconsciemment le poids de l’aspect « l’ordre social en vigueur, auxquels les hommes et les femmes ont adhéré a engendré des oppressions et des violences que les filles et les femmes subissent ».

J’aspire à m’investir dans un travail efficace, durable et pertinent. J’aspire à contribuer à déconstruire le système qui génère le sexisme et des oppressions infligées aux femmes. C’est ma perpective globale. Dans cette logique, mon travail ne peut pas uniquement se baser sur « la violence et la domination masculine opérationnelles dans la société ». À quoi obéissent la violence et la domination masculine ? Comment ce système affecte les humains, les femmes et les hommes ? Quelle critique adressée à ce système ? Ce sont les questions que je devrais me poser. Et ce travail ne peut pas être fait si je reste bloquée sur mes expériences personnelles, sur ma frustration propre, prétextant que cela m’offre une vision holistique de la condition des femmes dans ma société. Le féminisme en Afrique de l’ouest francophone est aujourd’hui teinté d’une vague expression de colère, de frustrations, basées sur les expériences personnelles. C’est un excellent point de départ pour rendre visible et donner de portée à toutes ces expériences, analyser comment toutes ces expériences sont motivées par une politique plus globale. Mais nous ne devons pas nous arrêter là. C’est ma première leçon. 

Ce que j’ai appris commence par les points suivants : cesser de prendre mes expériences personnelles comme compréhension globale de la situation des femmes ; toujours essayer de comprendre ce à quoi obéit mes frustrations, voire la haine apparente envers les hommes. Pour raisonner par déduction, je dirai ceci : je suis en colère contre les hommes parce qu’ils violent les femmes. Pourquoi ils le font ? Parce que, dans une certaine conscience collective, il est admis qu’ils peuvent le faire. Et pourquoi c’est admis ? Parce que la politique sociale qui régit nos vies postule que les hommes sont naturellement et fondamentalement des humains supérieurs qui peuvent dominer, violer, frapper et tuer les femmes. Je ne dis pas qu’il ne faudrait pas tenir les hommes responsables de leurs actes atroces envers les femmes. Il faut les tenir responsables. Mieux, ne pas êtes dupes sur le fait qu’ils sont partisans et gardiens du sexisme comme certaines femmes d’ailleurs. Sans jamais faire l’impasse sur le fait que leurs actes sont des conséquences d’un système plus sophistiqué.

Je le dis parce que le fait de concentrer nos énergies sur les actes des hommes nous détourne d’un travail nécessaire : comprendre comment les femmes dans nos communautés sont affectées, comment critiquer les causes profondes de ces oppressions. Beaucoup de femmes rejettent le féminisme parce que le féminisme renvoie l’image d’une sorte de religion avec des tas de préjugés. Même avec la conscience que leurs vies sont affectées par la violence patriarcale, des femmes rejettent le féminisme. Sans même essayer de comprendre. Parce qu’elles perçoivent une vague d’expression de frustrations et pas des alternatives de libération de leurs conditions. En tant que militante, j’estime que ma responsabilité est de faire progresser la conscience féministe en faisant des analyses et des travaux de qualité. Ce travail est un travail de compréhension du statut des femmes dans la société, de critique du système social ayant engendré des injustices. 

D’une autocritique de mon propre travail, je suis parvenue à faire une transition de la colère vers l’espoir. En vérité, cet espoir a toujours été là. C’est lui qui m’a poussé à agir. Malgré les violences que les femmes subissaient autour de moi, je croyais fortement que les choses pouvaient être différentes, meilleures. C’est l’espoir. Il était important que la colère sorte. Continuons à être bruyantes ! En nous assurant que l’espoir devienne l’ancrage de notre travail. En regardant de plus près, l’espoir est ce qui motive les organisatrices et organisateurs de communautés. La première correction dans mon travail a été de creuser le pourquoi de ma lutte et construire à partir de lui, l’optimisme nécessaire pour aller de l’avant. Mon raisonnement n’est pas naïf sur le fait que tant que femmes ont été brisées, déshumanisées, réduites, exploitées par le patriarcat. Qu’elles devraient obtenir justice et guérison.

Je veux justice et guérison pour les femmes. Je veux plus que tout que ces violences s’arrêtent. Sauf qu’en nous contentant de gérer les conséquences et chercher des coupables, nous n’avançons pas. Dans une logique durable, je pense qu’il nous faudra aller vers ce stade : comment soulever la masse critique nécessaire ? Comment la domination existe ? Pourquoi ? Quels sont ses leviers pour continuer à exister ? Comment nous nous soumettons à cette domination ? Quelles ses effets sur nos vies, aussi plurielles qu’elles soient, dans nos divers contextes ? Quels sont les éléments A, B, C, D, E, F… qui soutiennent la domination ? Quelles sont les alternatives dans lesquelles la domination ne sera plus acceptée et présentée comme seule politique qui devrait régenter nos vies ?… De la colère à l’espoir : le pourquoi et l’optimisme comme des guides. C’est mon cheminement. Et il continue!

Porter sa voix : entre obligation de débat et distraction 

Porter sa voix a été une expression centrale de mon militantisme. Elle me rappelle constamment que mes plus grands ennemis sont le silence, l’inaction, le statu quo. Je suis investie dans un militantisme avec des communautés dans la vie réelle et en ligne. Cela signifie que l’espace physique et l’espace virtuel sont pour moi des espaces de mobilisations. En ligne comme sur le terrain, je fais et je contribue à diverses actions : engagement, sensibilisations, plaidoyers, manifestations féministes…Plusieurs voix tendent aujourd’hui à minimiser le militantisme féministe digital. Cependant, lorsque nous nous rendons à l’évidence, nous voyons que les réseaux sociaux ont eu un impact non négligeable dans la prise de parole, la mobilisation, l’organisation de communautés et autres actions conduites les féministes (dénonciations, sensibilisations, plaidoyers, éducations, alertes, appels à l’aide, campagnes digitales, mobilisations de ressources…). Mieux, la plupart de mes initiatives commencent par des réflexions avec des militantes et communautés en ligne pour aboutir à une mobilisation hors ligne. Le numérique est une opportunité pour le militantisme féministe. Le reconnaître et le dire n’effacent pas les dérives qui peuvent exister autour.

Lorsque vous prenez la parole en ligne, plusieurs choses se passent. Les personnes réagissent à vos contenus en faisant des commentaires, des partages, en organisant des conversations autour de vos analyses. Pour alimenter ces échanges, vous pouvez interagir avec ces personnes. Ce fut mon cas. J’interagissais avec les personnes dans les commentaires, j’échangeais avec elles autour de mes contenus. Avec toutes les idées préconçues sur le féminisme, voici ce qui a fini par se passer :

En ligne, j’étais mentionnée sous des publications qui frisaient « la bêtise ». Ces personnes ne désiraient pas parler de droit des femmes ni du sexisme. Non! J’avais l’impression que c’était une sorte d’ouverture de tribune pour RIDICULISER le travail des féministes. Pourquoi plusieurs personnes me mentionnaient ? Oh, simple : admirons Chanceline la féministe dans sa fureur. Intentionnellement, on tentait de me mettre au cœur de futilités ; il n’y avait aucune perspective de conversation. « Le féminisme est à la mode. Chanceline est féministe. Allons la titiller», c’est ainsi que je résumerais ce qui se passait. Dans la vie réelle, je voyais presque les mêmes scènes se produire. « Oh voici Chanceline la féministe. Qu’est-ce que l’égalité ? » Au départ je répondais, je donnais mon avis. Puis mes propos étaient détournés pour allumer la rhétorique. Certaines personnes ne me lisaient pas. Elle s’est exprimée ? Oh super! Allons démontrer que c’est une frustrée de service. La vérité c’est que je participais à cette parodie. J’ai donné mon énergie et ma force à des conversations insensées. Cela m’a affecté. J’en suis arrivée à avoir honte et peur de prôner le féminisme.

À cela, s’ajoute la violence en ligne proprement dite. Les activistes féministes en ligne sont confrontées à diverses violences :  harcèlements, commentaires et réponses violents, menaces de familles ou de proches, publications pour décrédibiliser et réduire au silence, des incitations à la haine… Cela n’a rien à avoir avec le fait que certaines personnes ne partagent pas vos avis. Je parle des gens qui vous harcèlent, deviennent agressifs en commentaires, utilisent des insultes, profèrent des menaces, inventent des mensonges à votre sujet, déforment vos réponses…Je peux reconnaître qu’en partie, certaines personnes ne le font pas intentionnellement et n’ont pas forcément une idée de combien cela peut traumatiser. Toutefois, d’autres le font de façon consciente. Elles ciblent les militantes féministes en ligne avec une horde de violences pour les réduire au silence. Parce que c’est le silence qu’ils et elles attendent des militantes féministes. Nos voix dérangent, bousculent les croyances, projettent de nouveaux paradigmes. Plutôt que de s’engager dans une conversation mêmes si les avis sont différents, ils et elles estiment qu’il faudra simplement nous réduire au silence.

Je postule que les militantes féministes devraient se préserver de certains cycles nuisibles. La distraction a un nom : distraction. Tant de choses sont des distractions pour le travail militant. Le militantisme n’est pas une obligation de débat. Être dans les débats dans tous les sens n’ajoute pas de la valeur ni de la pertinence à un militantisme. Ce que je dis ici n’est pas de se priver soi-même de parole, de ne pas s’exprimer. Je souligne qu’il serait efficace de vérifier si on répond à une certaine obligation de débat ou on s’exprime “de sa propre initiative, de sa propre autorité, de sa propre volonté“. Ne laissez pas les gens conduire votre voix, votre état d’esprit, votre travail! Il est clair que nous ne pouvons pas contrôler les agissements des “gens”. Néanmoins, nous pouvons mieux exercer notre libre arbitre et décider de certaines choses.

J’ai commencé à intentionnellement ignorer certains appels à conversations. Je choisissais sur quoi je voulais réagir, à quoi je voulais donner mon énergie. Toutes ces personnes qui me mentionnaient sur tout et n’importe quoi ont fini par cesser de le faire. J’ai clarifié pour moi-même ce que mon travail représentait, comment il devrait s’articuler, en ligne comme hors ligne. J’ai gagné du pouvoir sur moi-même. J’ai pris le « ownership » de mon travail. Cela m’a énormément aidé à sauvegarder mon énergie, la diriger vers des aspects pertinents. J’ai retrouvé le courage de prôner le féminisme, ma conviction n’a cessé de s’affiner. En cessant de participer à la comédie, j’ai cessé aussi de donner la force aux commentaires dégradants. Je ne prétends pas que cela reste une solution face à la violence en ligne que les féministes subissent. Pour avoir vécu cela, cesser de réagir aide simplement à réduire l’ampleur des blessures internes. Il est nécessaire de se soigner, se ressourcer et s’investir à créer des espaces sains. Je continue à m’exprimer en ligne. Dans la sauvegarde de moi-même. Le fait de me concentrer sur des aspects importants de mon travail m’éloigne des futilités et de la distraction. 

Pour faire ce processus, j’ai dû encore une fois me reconnecter au pourquoi de mon militantisme et à l’optimisme que je dois construire pour avancer. Cela m’a fait réaliser par exemple, l’urgence de continuer à grandir dans ma politique féministe, d’en apprendre sur le mouvement, comment il peut prospérer dans mon contexte et traduire cela en des actions plus concrètes. Le temps et l’énergie que je donnais à certaines conversations “nuisibles”, je les utilise désormais pour apprendre comment développer la sororité. Tout ça est plus bénéfique pour mon militantisme.

Le travail personnel que le changement demande 

Le premier travail personnel que le changement demande est le changement de nous-mêmes. Les femmes ont été éduquées à aimer, admirer, défendre et chérir le sexisme. Le patriarcat nous utilise pour prospérer. Le sexisme existe en nous. Nous continuons à lier nos vies aux agences du patriarcat. Agir pour le changement dans ce contexte, c’est identifier le sexisme enfoui en nous, comment il opère et le démanteler. Sans ce processus personnel, le changement ne serait pas réel. Les échelles de valeur du patriarcat que nous utilisons pour mesurer nos existences et juger nos vies, il nous faut commencer à les descendre à notre propre niveau. Être militante féministe ne nous soustrait pas à ce processus. Je devrais d’ailleurs m’inquiéter si je pense que ce processus est ce que je dois amener aux autres et pas à moi-même.  

Un autre travail personnel que le changement demande est de nous éduquer sur les communautés avec lesquelles nous voulons nous organiser, développer les éléments de langage, le narratif nécessaire pour engager, construire de bases solides. Lorsque je m’intéresse à une personne sur la base de superficialités, cette personne peut me rejeter, inciter d’autres à me rejeter. En tant que militante et organisatrice, nous faussons les bases de notre travail si nous n’en savons pas plus sur les communautés que nous voulons engager, mobiliser. S’éduquer en tant que militante est un travail nécessaire à faire. Comment en apprendre sur les filles et les femmes pour lesquelles nous prétextons que nous travaillons ? En supposant ce qu’elles peuvent vivent ? En les prenant pour des entités qui fournissent de témoignages ?

Être militante pour une cause est une plus grande responsabilité. Cela va au-delà de réclamer, faire des plaidoyers. C’est tout un processus d’éducation de soi, d’apprentissage, de constructions d’espaces. À propos du langage, dire la réalité avec des mots radicaux est différent de la barbarie, des insultes, de la haine, de la dévalorisation et de l’infantilisation. Peu importe combien vous pensez que vous êtes plus éclairée que les autres, à votre échelle, la vie des autres sur laquelle vous comptez agir pour motiver un changement est importante et digne de valeur à leurs yeux. Avec tout ce qu’elle comporte. En les dévalorisant, vous n’arriverez pas à construire un quelconque mouvement avec elles. Je dis cela parce qu’il arrive que certaines féministes méprisent les autres femmes. Sur la base qu’elles se trouvent plus éclairées.

Le travail personnel que le changement demande comporte aussi le fait de prendre soin de nous, de nous sauvegarder pour mieux faire le travail. Comment prendre soin de soi et investir dans les soins collectifs en tant que militante féministe ? Qu’est-ce que cela signifie prendre soin de soi en tant que militante ? Quels sont les soins personnels et collectifs possibles ? Comment s’investir à les appliquer ? Indéniablement nécessaires, les soins personnels et collectifs pour les militantes féministes et organisatrices de communautés représentent des boussoles pour l’efficacité et la pérennité de leurs travaux. C’est un sujet que je continue de creuser. Le travail personnel que le changement demande ma foi est un processus. Au fur et à mesure, moi aussi je prends des notes.

Dans l’espoir de continuer à grandir.

À très vite ! 

Aucune perspective dans cet article n’a la prétention d’être exhaustive. Je continue d’apprendre ! 

Chanceline Mevowanou

Jeunes Filles Actrices de Développement (JFAD) est le groupe féministe qui coordonne la communauté Girls, Sisters, Queens. Le groupe est basé au Bénin. Il a été fondé en 2018 par une militante féministe béninoise, Chanceline Mevowanou. Le groupe est entièrement géré par des jeunes femmes militantes féministes. Il est constitué de membres bénévoles, en majorité des militantes féministes, des jeunes femmes et quelques alliés jeunes hommes. JFAD travaille pour le renforcement des droits des filles et femmes, l’élimination du sexisme et des violences basées sur le genre.

JFAD travaille aussi pour pour les droits et santé sexuels et reproductifs notamment le plaidoyer pour l’accès à une éducation complète à la sexualité et des sensibilisations. Le groupe utilise une approche qui est le renforcement du mouvement féministe comme moteur de changement. Girls, Sisters, Queens est d’ailleurs une initiative qui s’inscrit dans cette approche. La communauté Girls, Sisters, Queens JFAD est actuellement coordonnée par JFAD en attendant la mise sur pied d’un comité autonome de militantes féministes béninoises pour conduire l’initiative.

Je suis fière de voir la communauté Girls, Sisters, Queens exister. Pour moi, c’est l’espoir. Il fallait qu’elle existe ! Parce que les jeunes femmes et les jeunes féministes béninoises ont besoin d’être en communauté pour s’élever. C’est un héritage à construire, à préserver. Pour la révolution féministe dont nous rêvons. Pourquoi j’insiste autant sur l’importance de la communauté pour les jeunes militantes féministes ? Parce qu’exister en communauté renforce nos luttes!

En 2019, lors d’une réunion des activistes féministes numériques à laquelle j’ai participé en Afrique du Sud, nous avons fait un exercice. Il était question de raconter l’histoire des féminismes présents à cette réunion. J’ai raconté mon histoire. J’ai souligné comment le fait de suivre, de partager des espaces avec « des femmes féministes » m’a aidé à libérer et porter ma voix. J’ai abordé l’importance des communautés positives qui donnent la force et le courage. La communauté nous façonne et nous aide à faire mieux. Pour les jeunes féministes et les jeunes femmes, être en communauté est important. Développer sa pensée, la libérer et contribuer à diverses actions est un processus dans lequel nous avons souvent besoin de soutien.

J’ai eu besoin de m’identifier à quelque chose, de me retrouver dans un ensemble plus grand et trouver la force. J’ai eu besoin d’exemples, d’écritures, de traces. Je l’ai trouvé au sein des communautés de femmes. J’ai ressenti le sentiment de faire partie d’une expérience positive plus grande que moi. J’ai compris que d’autres femmes avaient aussi des choses à dire. J’ai vu des opportunités de me connecter à d’autres, demander de l’aide, collaborer, apporter mon soutien et agir ensemble. Aujourd’hui encore, mon militantisme féministe se nourrit au sein des communautés de femmes. Joignez-vous à moi pour souhaiter la bienvenue et accueillir la communauté Girls, Sisters, Queens ! 

Chanceline Mevowanou